Pour comprendre la complexité de ce projet de restauration et les temps de réalisation qu’il impose, sur cet ilot battu par les vents difficilement accessible, au coeur d’un Parc National et d’une zone Natura 2000, un retour sur le chemin parcouru est nécessaire….
LE CHEMIN PARCOURU
Réaliser la restauration d’un monument historique inaccessible la plupart du temps été comme hiver dans cette zone ou mistral et vent d’est s’en donnent à coeur joie sur un ilot désormais intégré dans le périmètre d’un parc national et d’une zone Natura 2000 est un projet sans précédent en France. Il a nécessité la mise en place d’un processus de préparation, de logistique et de démarches administratives extrêmement long et complexe. Depuis le choix de l’Etat un ensemble d’études aboutissant à un projet architectural complet de très grande qualité a été réalisé par l’architecte en chef des monuments historiques Pierre Antoine Galtié avec le concours l’architecte du patrimoine Christopher Rodolausse. Sur cette base il a fallu ensuite solliciter la délivrance de multiples autorisations et permis ayant donné lieu à des études spécialisées notamment en matière environnementale, (Natura 2000, études d’impact protocoles divers) puis solliciter un permis de construire (alors même que la restauration doit se faire à l’identique, sans augmentation de surface). Près de 15 ans ont été nécessaires avec l’appui de plusieurs spécialistes pour obtenir tous les permis et autorisations que les administrations ont considérés comme étant un préalable à la signature définitive du bail en ne permettant pas avant Mai 2019 d’entamer la phase de restauration proprement dite. Seules restent à obtenir aujourd’hui les autorisations administratives pour réaliser le mini brise lame permettant d’assurer un accostage raisonnablement sécuritaire et qui se révèle désormais indispensable pour le lourd travail de restauration de la Tour. (Acheminement régulier de matériaux et allers retours quotidiens de professionnels et ouvriers qui ne peuvent malheureusement pas être réalisés par l’intermédiaire un ponton fixe ou flottant comme cela avait été espéré à l’origine) . Mais l’état de ruine accéléré du fort en 2003 ne permettait pas d’attendre la signature définitive du bail pour réaliser mise hors péril et confortement. Dans des conditions nautiques très précaires et avec l’aide d’un bateau adapté pour acheminer de lourdes charges sur une plage par beau temps d’importants travaux de conservation incluant l’aménagement d’une base vie sommaire ont pu être réalisés ; Cela a concerné les casernements au pied de la Tour qui seraient aujourd’hui effondrés ainsi que la porte d’entrée et la plupart des murs d’enceinte sur plus de 50 mètres. Même chose pour la Tour elle-même qui autrement serait déjà effondrée au niveau de deux embrasures. Le Fort est aujourd’hui provisoirement sauvé pour l’essentiel. Ces travaux ont été réalisés par un Compagnon aux grandes qualités et lui-même marin aguerri très vite secondé. En effet l’élan donné et les résultats obtenus en dépit de condition d’accès impossibles pour des équipes d’ouvriers spécialisés ont incité de nombreux professionnels à venir au secours du projet en participant à la logistique et aux travaux principalement à titre bénévole. Même attitude chez les jeunes du monde étudiant ou écoles spécialisées sans oublier la grande famille des compagnons scouts. Une mention spéciale pour ces derniers ; leur main d’oeuvre généreuse et leur intérêt pour un mode de vie écologique et qui fait du sens est révélatrice de l’intérêt croissant des jeunes à participer concrètement à des tâches matérielles souvent difficiles aiguillonnés par leur intérêt pour les savoirs traditionnels et la transition écologique. Le partage d’expériences s’est progressivement élargi aux ONG et personnalités connues dans la région dont certaines ont contribué au développement environnemental et culturel de Porquerolles. Elles ont créé l’Association des Amis du petit Langoustier Fort en Mer ayant son siège à la maison du commandant à Porquerolles et présidé par l’Amiral Prud’homme ancien directeur du musée de la marine qui a lui-même contribué à rédiger la Charte du Parc.